Lucia Joyce
Lucia Joyce
Lucia Joyce
Opéra de chambre en quatre actes
Musique: Patrick Zimmerli
Livret: Spencer Matheson
Dramaturgie et Mise-En-Scène: Mirabelle Ordinaire
Décors: Philippine Ordinaire
Quand [Lucia Joyce] sera en pleine possession de ses moyens en danse rythmique, James Joyce deviendra peut-être célèbre pour être le père de sa fille.
– The Paris Review
C’est moi qui est l’artiste !
- Lucia Joyce
Paris, fin des années 20. Lucia Joyce, fille de James Joyce, se lance dans une prometteuse carrière de danseuse, et une relation amoureuse avec le jeune écrivain Samuel Beckett. Lorsque sa carrière et sa relation se voient toutes les deux brutalement interrompues, Lucia sombre peu à peu dans la folie. Elle est internée de force par son frère et passe les 50 dernières années de sa vie dans un asile où elle meurt seule, à soixante-quinze ans.
Si James Joyce était persuadé que sa fille avait hérité de son génie, son immense envergure artistique, sa mégalomanie, son alcoolisme et sa sexualité excentrique ne firent qu’étouffer le développement artistique de Lucia. James Joyce jouit encore aujourd’hui d’une renommée littéraire unique ; sa fille, elle, fut privée de sa carrière artistique et de sa vie personnelle. Elle a aujourd’hui complètement sombré dans l’oubli.
Et pourtant le destin de Lucia Joyce soulève des questions qui résonnent fortement un siècle plus tard. Dans sa biographie Lucia Joyce : To Dance in the Wake, Carol Loeb Schloss attribue à Lucia une grande partie de la langue et de la texture de Finnegans Wake – interrogeant la part de collaboration et d’influence artistiques des femmes entourant les grands artistes. Schloss dénonce en outre la violence psychologique et physique dont la jeune femme fut victime : non seulement Beckett n’aurait utilisé Lucia que pour avoir accès à son illustre père, mais il est très probable que Lucia ait dû se plier à des pratiques incestueuses, avec son frère aîné Giorgio, voire avec James lui-même.
Stephen Joyce, petit-fils de James, détruisit quelques années après la mort de sa tante Lucia toutes les lettres qu'il possédait d’elle, dont certaines se trouvaient dans la collection de la Bibliothèque nationale d'Irlande. Il persuada également Beckett de détruire une grande partie de sa correspondance avec Lucia. Qu'il en ait eu assez que le monde littéraire s'immisce dans ce qu'il avait le droit de considérer comme étant une affaire privée et familiale, ou qu'il ait essayé de dissimuler un secret honteux, la vérité sur l'histoire de Lucia ne sera probablement jamais connue.
Sur les traces du destin poignant de Lucia, ce projet multidisciplinaire à la croisée de la musique classique et du jazz, de la danse et du chant, de la vérité historique et de l’invention poétique, nous replonge dans les méandres de la création artistique, des relations familiales, et des insidieux rouages d’un système patriarcal implacable.